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Au cours des deux dernières années, quatre glissements de terrain fortement rétrogressifs, de type coulée argileuse et de très grandes dimensions (recul d’environ 200 m, 450 m, 920 m et 1 800 m), se sont produits au Nunavik dans les sédiments marins argileux sensibles de l’ancienne mer de Tyrrell au sud-est de la Baie d’Hudson. Le premier de ces glissements de terrain s’est produit en rive droite de la Grande rivière de la Baleine en avril 2021, à environ 8 km en amont du village de Whapmagoostui-Kuujjuarapik. Sa distance de rétrogression est la plus forte de tous les glissements historiques inventoriés par le ministère des Transports et de la mobilité durable (MTMD) dans les deux derniers siècles au Québec (1800 m). Ce premier événement a été suivi en août 2021 par un autre cas dont les dimensions sont approximativement de 200 par 200 m, survenu le long de la rivière Mishchaakushtikw, laquelle se jette dans la Petite-Rivière-à-la-Baleine près de son embouchure, qui est située à environ 100 km au nord-est de Whapmagoostui-Kuujjuarapik. Ce dernier glissement s’est fortement agrandi à l’automne 2022 pour atteindre des dimensions de 920 par 860 m. Finalement, un autre glissement s’est produit aussi un peu en amont du même cours d’eau, aussi en 2022 (environ 100 m par 360 m).

Par ailleurs, la partie aval de la rivière Rupert, qui se jette dans la Baie James mais qui fait partie du même ancien bassin sédimentaire de la mer de Tyrrell, est aussi connue pour avoir subi antérieurement de nombreux glissements fortement rétrogressifs, dont un ayant atteint environ 1 km de rétrogression. Le plus récent, qui est de dimensions plus restreintes (environ 100 m par 110 m), date de 1970.

L’occurrence de ce type de grand glissement de terrain préoccupe les autorités régionales et municipales en place puisque la population du locale occupe et parcourt le territoire pour leurs activités traditionnelles de chasse et de pêche. La distance géographique de ces régions, ainsi que leur non-connectivité avec les réseaux terrestres de transport pour les parties les plus nordiques, rend difficiles les investigations de ces dépôts. Par conséquent, il existe des lacunes importantes sur les connaissances de la géologie de ces secteurs de même que sur les dépôts quaternaires et les faciès sédimentaires des argiles sensibles. Les propriétés géotechniques et la répartition des dépôts d’argiles sensibles dans lesquels surviennent ces glissements de terrain sont donc très peu documentées. Ainsi, les ingénieurs travaillant dans ces régions sont confrontés à un manque d’information à propos de l’historique de ces dépôts et de leurs propriétés géotechniques. De plus, les glissements de ce secteur, leur processus d’initiation, leur mécanisme de rupture, leurs dimensions, leur distribution dans le temps et dans l’espace n’ont qu’été très peu étudiés. Par ailleurs, l’influence des changements climatiques et du relèvement isostatique n’a jamais été abordé pour ces régions.

Ce projet de recherche, réalisé au sein du Laboratoire d’études sur les risques naturels de l’Université Laval et financé par le ministère de la Sécurité Publique du Québec (MSP), a donc comme but d’améliorer les connaissances sur les glissements de terrain dans les talus argileux du bassin de la mer de Tyrrell, et notamment au Nunavik, et leur lien avec les changements climatiques. À cette fin, le présent devis porte sur la caractérisation des glissements de terrain et des propriétés géotechniques des dépôts argileux sensibles de la mer de Tyrrell, plus précisément soit les secteurs avals de la Grande-Rivière-de-la-Baleine et de la Petite-Rivière-de-la-Baleine, ainsi que l’embouchure de la rivière Rupert, sur la côte est de la baie de James.

Pour les trois secteurs décrits ici-haut, il est proposé dans ce présent devis de (1) caractériser certains glissements de terrain survenu dans les argiles sensibles de la mer de Tyrrell, (2) comparer les propriétés géotechniques des argiles du bassin de l’ancienne mer de Tyrrell avec celles des anciennes mers du Québec méridional, (3) d’évaluer l’impact potentiel des changements climatiques sur l’occurrence des grands glissements de terrain dans ces régions et (4) de participer à l’élaboration d’une méthodologie d’identification des zones exposées aux glissements de terrain adaptée au contexte du Nunavik et de la Baie-James (bassin de la mer de Tyrrell) en collaboration avec le Centre d’études nordiques, le MSP et le MTMD. M. Maxence Boutin réalise sa maîtrise sur ce projet sous la supervision de Mme. Ariane Locat.